Comment analysez-vous les opportunités et défis du Sénégal dans la future production pétrolière et gazière ?
Les découvertes pétrolières et gazières mettent le Sénégal au-devant de la scène régionale et internationale. Nous devrions assister à un essor économique avec la prise en charge par les autorités sénégalaises des problématiques de la gestion de nos ressources naturelles. En terme d’opportunités, en espérant qu’il n’y ait pas de nouvelle crise majeure type Covid 19 , la production du pétrole et du gaz devra permettre au Sénégal de figurer parmi les pays avec des taux de croissance à deux (2) chiffres et de pouvoir jouer les grands rôles dans la sous région.
Face à cette nouvelle donne, il faut également reconnaître que des défis importants attendent le Sénégal. La naissance d’une économie du pétrole et du gaz avec des infrastructures énergétiques, le montage d’usines de fertilisants qui boosteraient nos performances dans l’Agriculture, le renforcement des capacités des jeunes Sénégalais, l’accompagnement des sociétés privés jusqu’à maturité seront des éléments déterminants dans la mise en valeur de nos ressources. Les expériences des pays producteurs africains ( Nigeria, Angola, Ghana, Cameroun, Congo, l’Algérie pour le gaz et d’autres) sont des ‘case studies’ pour notre pays.
Jouer les grands rôles sur l’échiquier mondial est un objectif à long terme et la participation de tous les acteurs au niveau socioéconomique est plus que jamais un besoin pour la réussite du projet oil & gas sénégalais.
Pouvez-vous nous parler de votre entreprise et de vos principales activités dans le secteur pétrolier ?
SSB est une concession portuaire entièrement financée par les acteurs économiques privés sénégalais qui fort de leurs ambitions ont pour objectif de répondre à la demande du Président de la République pour une gestion sénégalaise de nos ressources.
Nous avons signé un contrat de concession de 25 ans avec le Port Autonome de Dakar (PAD) pour assurer de manière exclusive la fourniture de services logistiques pour toutes les sociétés E&P ( exploration et production) pétrolières au Sénégal et nous l’espérons dans le bassin MSGBC (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau et Guinée Conakry). Depuis Juin 2021, nous fournissons le support logistique pour la campagne pétrolière de Sangomar dont l’opérateur principal est l’australien : Woodside.
Ainsi toute la chaine logistique est prise en charge par SSB à travers la mise à disposition au sein de la concession d’une panoplie de services tels que: le transport, la manutention , le stockage, la fourniture de bureaux adaptés aux besoins et exigences du monde l’oil & gaz. Nous avons notamment investis dans la mise à disposition d’Equipements de levage certifiés qui est une partie importante de nos activités.
Au sein de SSB, des sénégalais formés aux standards internationaux assurent le travail dans le respect des normes élevées du pétrole et du gaz et avec le plus grand professionnalisme.
Quelle lecture faites-vous de la gouvernance des ressources pétrolières et gazières au Sénégal ?
Le premier acte fort a été de confier la gestion de la concession pétrolière à un groupe d’investisseurs sénégalais (COSENI) qui a la seule ambition de démontrer que le choix porté sur eux est d’autant plus opportun qu’il est en phase avec la vision d’un Sénégal émergent.
Ainsi la mise en place d’un comité pour la promotion du contenu local est avant tout une volonté de mettre en avant les compétences locales et ainsi d’assurer que les retombées financières importantes dans la gestion des ressources pétrolières et gazières bénéficient au peuple Sénégalais.
Toutefois il est important de noter que la réussite de telles ambitions sera conditionnée a une volonté commune de nos autorités, du secteur privé et de nos partenaires étrangers de mettre en place des mécanismes de contrôle et d’orientation qui devront assurer le bon déroulement des campagnes pétrolières et gazières.
Le Sénégal a adopté une loi sur le contenu local pour permettre aux entreprises locales de mieux saisir les opportunités et retombées de l’exploitation des hydrocarbures. Quels sont selon vous les créneaux porteurs sur lesquels devraient se positionner le secteur privé national ?
La loi sur le contenu local offre de belles perspectives avec une catégorisation des régîmes en régimes exclusifs, mixte et non exclusif. De manière résumé, les opportunités pour le privé Sénégalais se trouvent aujourd’hui dans les secteurs de la logistique, l’achat et l’approvisionnement de tout types de matériaux, les services de restauration et d’hébergements, la fourniture de personnels qualifiés notamment les marins mais aussi dans des secteurs plus pointus comme les travaux d’ingénierie sur les pipes, la réparation navale, pour ne citer que ceux là. D’une manière générale, les sociétés pétrolières doivent utiliser toutes les compétences nationales lorsque celles ci sont disponibles.
A noter que la loi sur le contenu local précise que certains services qui sont aussi dans le régime non exclusif sont appelés à devenir mixtes ou exclusifs dans un délai de 5 ans.
Pensez-vous que l’exploitation du pétrole au Sénégal, en partie déléguée aux compagnies étrangères, aura un impact réel sur notre économie ?
C’est une réalité, le Senegal fera partie des pays producteurs de pétrole et de gaz en 2023. Cette nouvelle donne générera des retombées financières importantes pour l’économie sénégalaise dans sa globalité.
Les contrats signés par les autorités ont été négociés en tenant compte des investissements importants et de l’expérience technique que requièrent le secteur du Oil&Gaz. Il faut espérer que d’ici quelques années, des champions nationaux dans ce secteur verront le jour et prendront les premiers rôles.
Par ailleurs les orientations en terme de contenu local privilégient la fourniture de biens et services dans les projets pétroliers et gaziers, ce qui donne l’opportunité au privé sénégalais de participer à l’essor économique national.
Votre dernier mot ?
Avec l’arrivée prochaine des productions de pétrole et du gaz, Le Sénégal se trouve à un tournant de son histoire économique. Le secteur privé national doit jouer son rôle de moteur du développement. Il nous appartient donc à travers une bonne communication Public Privé et avec le soutien de nos partenaires étrangers de trouver des mécanismes appropriés pour éviter ‘le syndrome hollandais’ et nous assurer que les retombées socio économiques positives seront au rendez vous.