Après son entrée en service prévue cette année, la raffinerie géante d’Aliko Dangote devrait réduire les importations africaines de produits pétroliers à 36% de la demande régionale, contre 43% actuellement, selon l’Organisation africaine de pays producteurs de pétrole (APPO), qui s’attend à d’autres projets similaires ailleurs sur le continent.
La méga-raffinerie d’Aliko Dangote devrait modifier les modes d’approvisionnement en produits pétroliers du continent africain, réduisant considérablement les importations dans une région du monde où les ressources exploitées sont jusqu’ici exportées à l’état brute. « La demande quotidienne de pétrole en Afrique est actuellement de 4,3 millions de barils par jour (mbpj). Sur ce volume, 57 % sont produits localement (sur le continent) tandis que 43 % sont importés. Lorsque la raffinerie de Dangote sera pleinement opérationnelle, le pourcentage des importations de produits africains tombera à 36 %, tandis que le volume total de la demande de produits s’élève à 5,4 mbpj. […] Cette raffinerie fournira plus de 12 % de la demande de produits en Afrique », a déclaré dans une interview Dr. Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’Organisation africaine de pays producteurs de pétrole (APPO). Il a ainsi souligné « l’énorme impact » de ce projet industriel sur le secteur pétrolier régional.
Initialement annoncée pour décembre 2019, la raffinerie pétrolière de Dangote qui devrait produire 650 000 barils de pétrole par jour a connu du retard. Ce projet fait partie des nombreux autres à travers le monde qui ont été ralentis suite à la crise de Covid-19. Alors que la méga-installation industrielle devait initialement coûté 14 milliards de dollars, elle devrait finalement nécessiter 19 milliards de dollars, selon les confidences faites à la télévision nigériane en août dernier de Devakumar Edwin, directeur exécutif du groupe Dangote Industries.
La raffinerie nigériane pourrait en inspirer d’autres
Alors que le continent se trouve à la croisée des chemins, dans le contexte de développement accéléré à l’aune de l’Agenda 2030 des Nations Unies, 2063 de l’Union africaine (UA) et de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui établira un marché africain géant, l’APPO s’attend à d’autres projets industriels similaires ailleurs sur le continent.
« Le succès de Dangote pourrait inciter à l’émergence de projets similaires, malgré le débat autour de la transition énergétique », a déclaré Dr. Omar Farouk Ibrahim, estimant que l’adoption à 100% des énergies renouvelables ne pourra se faire dans l’immédiat « y compris dans les pays développés ».
Le sujet de la transition énergétique est en effet devenu majeur ces dernières années, en raison des dérèglements climatiques observés sur la planète. En marge de la COP26, une vingtaine de pays d’institutions a décidé de réduire ou stopper le financement d’énergies fossiles à partir de fin 2022. Mais au sein de l’Industrie en Afrique, personne ne croit à un recours exclusif et immédiat aux énergies renouvelables. Dans un récent entretien avec LTA, Bruno Itoua, ministre des Hydrocarbures du Congo et président l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) défendait plutôt « un mix-énergétique ».
En attendant d’y arriver, la raffinerie de Dangote qui sera la plus importante du Continent reste très attendue. Au Nigeria, la compagnie pétrolière nationale et quelques entités du secteur privé cherchent à en rejoindre le tour de table.
Source: La Tribune Afrique