Ousseynou NDIAYE a entamé son cursus universitaire au département des Sciences Economiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), son rêve d’alors étant de faire carrière en économie. C’est avec un DEUG en poche qu’il poursuivit ses études à l’université Franche Comté de Besançon en France, d’où il obtint une Maîtrise en économie ainsi qu’un Diplôme d’Étude Approfondie (D.E.A) en Microéconomie. En 2007, valises en main, il part en Amérique du Nord et plus précisément au Canada et y décroche un Master of Business and Administration (M.B.A) à l’École des Sciences de la Gestion de l’Université de Québec à Montréal (UQAM). Ces expériences académiques parcourues sur trois pays et continents, aux cultures, langues et réalités sociales plurielles, l’ont permis de s’ouvrir au monde et de considérer l’authenticité et la diversité comme des atouts.
C’est donc à Montréal qu’il débute sa carrière professionnelle d’abord dans la recherche au sein de l’université où pendant plus de trois ans, il se consacre à des projets d’études portant sur des sujets économiques et financiers. C’est en 2010, par un concours de circonstances, qu’il décide de rejoindre une banque nord-américaine transfrontalière, la Banque TD, leader de son secteur au Canada. Il y occupera le poste de conseiller pendant quatre années. Années durant lesquelles, Ousseynou NDIAYE développera une expertise approfondie sur la banque de détails et la distribution des produits d’investissement et de crédit. Malgré ses responsabilités et la promesse d’une carrière fulgurante, il gardera enfui en lui, l’ardant désir de revenir en Afrique, pour y travailler, créer des opportunités de création de richesse et contribuer au développement de son pays le Sénégal. En 2015, son rêve devient réalité par la création, à Dakar, de la société ABCO BOURSE, qui obtiendra une année plus tard, son agrément délivré par l’autorité des marchés dans la zone UEMOA (CREMPF). Ousseynou NDIAYE a ainsi occupé le poste de Directeur Associé en charge du Business Development. Forts du succès obtenu en termes de classement national et sous régional, il a été promu Directeur Général en janvier 2022.
Quelles motivations ont suscité la création de ABCO BOURSE et quelles en sont les principales activités ?
ABCO BOURSE en deux mots ?
Je dirai patriotisme et entreprenariat. Tout est d’abord parti d’un besoin que les cofondateurs et moi avons eu d’affirmer notre patriotisme, parce que nous sommes fiers d’être des Africains et Sénégalais, et nous sommes surtout conscients que le développement de notre nation est l’affaire de tous.
C’est ainsi que nous avons tenu, en priorité, à participer à l’atteinte des objectifs de croissance de nos gouvernements et entreprises locales.
Notre contribution, au-delà de la mobilisation de ressources financières, a également constitué à fournir un accompagnement stratégique, inspiré des standards internationaux.
Nos principales motivations consistent essentiellement d’une part à mener notre modeste contribution au développement du secteur financier sous régional, d’autre part, à participer à la mobilisation de l’épargne intérieure par la mise en place de produits et services adaptés aux besoins des populations afin de leur permettre d’avoir une meilleure valorisation de leur investissement en toute transparence.
Nous avons également à coeur d’offrir un service à la clientèle irréprochable, par le biais d’un perfectionnement en continue.
C’est dans cette optique que nous avons mis en place un service de Gestion Sous Mandat dédié à toute personne physique ou morale désireuse de bénéficier de rendements élevés sur leurs investissements et ce, en les confiant aux professionnels de la gestion d’actifs que nous sommes.
Il s’agit là d’un service que nous proposons à ABCO BOURSE depuis 2019 et par le biais duquel, nos clients nous délèguent un pouvoir d’exécution de toutes les négociations d’actions, d’obligations cotées à la BRVM et/ou de bons et d’obligations des trésors des pays de l’UEMOA sur le marché monétaire. Ce service assure rentabilité, transparence et tranquillité à tous nos clients bénéficiaires qui sont accompagnés par notre équipe de spécialistes chevronnés (analystes quantitatifs, traders, économistes etc.) qui élabore de manière concertée, une stratégie diversifiée d’allocation d’actifs. Il s’agit ainsi d’un service PRESTIGE, assujetti à un rendement cible minimum. Une clé de répartition est définie entre le client et la SGI sur la sur-performance réalisée.
Un seuil d’accès ou de performance minimale est bien évidemment défini pour ce service.
Il est important de préciser que les rendements annuels de nos portefeuilles sous gestion sont à deux chiffres. Il s’agit donc là d’un service très rentable pour tout investisseur.
En-sus de la Gestion Sous Mandat (GSM), ABCO BOURSE propose également l’ensemble des produits et services existants sur le marché des capitaux à savoir le Courtage en produits de placement au niveau de la BRVM et sur le marché monétaire (Actions, Obligations, Bons du trésor, placement à revenus fixes) de même que la Conservation des titres auprès du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR) et de la BCEAO, l’Introduction en bourse des sociétés et la Structuration des Appels Publics à l’Épargne (APE) dans toute l’UEMOA, pour les emprunteurs souverains et les entreprises.
Enfin, nous avons un pôle Ingénierie financière dans toutes ses spécificités, secteur d’activités qui fait aussi partie de notre cœur de métier.
Après 25 ans d’activités, quel bilan dressez-vous de l’évolution de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) ?
Le bilan de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est assez positif si l’on considère l’évolution du marché depuis sa création.
En effet, ayant démarré avec moins de 30 sociétés en septembre 1998, la BRVM totalise aujourd’hui 46 sociétés cotées.
Sur ces dernières années, nous avons assisté à la cotation en bourse des grands groupes régionaux et sociétés leaders dans leur secteur d’activité, notamment Ecobank CI, Société Ivoirienne de Banque, NSIA Banque ou Oragroup. Ainsi, la capitalisation boursière du compartiment actions a été multipliée par 6 avec un total actif dépassant les 6 000 milliards FCFA en 23 ans d’existence.
En outre, nous constatons que le passage en 2013 de la cotation au fixing à la cotation en continu a permis au marché d’être plus liquide et plus dynamique par rapport à ses débuts.
De même, le fractionnement des titres initié en 2017 a grandement contribué à attirer plus d’investisseurs ayant des profils différents et incluant les petits porteurs.
Notons également que l’arrivée de plusieurs Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI) a engendré une baisse sur les commissions de courtage, phénomène naturellement provoqué par une concurrence grandissante.
Selon-vous quelles mesures spécifiques faut-il prendre pour insuffler une nouvelle dynamique au marché boursier régional ?
Malgré les progrès et succès ci-dessus mentionnés, d’autres mesures pourraient être prises en compte afin d’améliorer l’environnement du marché.
Parmi celles-ci, la réduction des délais de règlement-livraison des transactions. S’inspirer du marché monétaire et appliquer des délais à « T » voire « T+2 » serait un facteur clé de succès, car cela permettrait au marché de gagner en efficacité et dynamisme en ayant des investisseurs bien plus actifs.
Il est important de rappeler ici que le délai actuellement en vigueur (T+3) tend à réduire le volume de transactions sur le marché en raison du risque possible pour les investisseurs au profil spéculateur. Ainsi, ce délai trop long réduirait la fréquence des transactions.
En outre, nos politiques devraient aussi mettre en place des mesures d’accompagnement et motivantes afin qu’il y ait plus d’introductions en bourse, et par conséquent plus de sociétés cotées à la BRVM. Un troisième pilier serait la possibilité pour les SGI de faire des achats à découvert. Cela engendrerait une plus grande liquidité sur le marché secondaire.
Quel est votre sentiment sur l’attractivité du marché des capitaux au sein de l’UEMOA, compte tenu notamment du contexte de crise sanitaire et sécuritaire ?
Le marché des capitaux a joué un rôle crucial dans le soutien des Etats face à la crise sanitaire.
Dans ce contexte de COVID si particulier, les Etats de l’UEMOA ont procédé à des émissions records en titres publics évalués à 8 742 milliards de F CFA en 2020 et 5 552 milliards de F CFA en 2021.
En outre, la réduction des taux directeurs par la BCEAO a permis de baisser les taux d’émission des Etats et a encouragé ces derniers à se lancer sur des maturités plus longues (10-15 ans).
Sur le marché financier, les rendements élevés des titres couplés à la baisse des rendements moyens sur le marché monétaire ont attiré les investisseurs à la recherche d’une stabilité de leurs portefeuilles sous gestion.
Cela s’est traduit par une hausse des cours pour la plupart des titres, dépassant même les 100% pour certains d’entre eux.
Autrement dit, le marché obligataire a subi une pression à la baisse des taux d’intérêts en même temps que le marché des actions a enregistré une croissance.
Quel peut être le rôle des SGI dans une perspective de relance économique post-crise ?
Les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI) jouent un rôle important dans la relance économique car elles créent les conditions de rencontre des investisseurs détenteurs d’épargne ou de trésorerie avec ceux qui en ont besoin à savoir les Etats et les entreprises.
Elles sont des acteurs incontournables qui contribuent ainsi au financement de l’économie de la sous-région à travers la mobilisation des ressources des épargnants en faveur des Etats et des sociétés. L’investissement étant un moteur de croissance, il est évident que les SGI ont leur mot à dire dans une perspective de relance économique.
De manière plus concrète, nous devrions continuer à sensibiliser et mobiliser plus de particuliers, de PME-PMI, des professions libérales, des caisses de prévoyance et de retraite etc. à avoir une plus grande culture boursière, dans le but de mobiliser plus de capitaux ; ce qui donnerait un énorme coup de pouce au marché.
Enfin, participer à l’inclusion financière de tous les secteurs y compris ceux informels, permettrait de pénétrer des niches à très fort potentiel en matière d’épargne.
Source: Africabusinessmag