Une page d’histoire s’est écrite ce samedi 24 mai à l’esplanade du Monument de la Renaissance africaine de Dakar. Dans un décor symbolique, face à l’une de ses œuvres les plus monumentales, l’architecte sénégalais Pierre Atepa Goudiaby a été honoré pour ses 50 ans d’architecture au service de l’Afrique. À cette occasion, il a dévoilé un livre et un documentaire retraçant cinq décennies d’une carrière exceptionnelle, jalonnée de projets emblématiques et d’un engagement constant en faveur d’une architecture enracinée dans l’identité du continent.
L’événement, à la fois solennel et empreint d’émotion, a réuni un parterre de personnalités issues du monde politique, diplomatique, financier et culturel. Des architectes venus de tout le continent, des représentants du gouvernement sénégalais, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale (BCEAO) ont répondu présents pour saluer le parcours de celui que beaucoup considèrent comme le père de l’architecture moderne africaine.
« Pierre Atepa Goudiaby a non seulement construit des bâtiments, il a bâti une vision. Il a montré que l’Afrique peut produire une architecture à la fois contemporaine et enracinée dans ses valeurs », a dit le président de l’Union des Architectes d’Afrique.
Un legs vivant pour la jeunesse africaine
Loin d’un exercice d’auto-célébration, Pierre Atepa Goudiaby a tenu à replacer cette célébration dans une perspective de transmission et d’inspiration. « Ce livre et ce documentaire, ce ne sont pas mes mémoires, ce sont les balises d’un chemin. Un message à la jeunesse africaine : il est possible de rêver grand, de bâtir ici, chez nous, en respectant ce que nous sommes », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Dans ces deux œuvres complémentaires, M. Goudiaby revient sur son parcours, ses défis, ses inspirations, mais surtout sur la nécessité de penser l’architecture africaine comme une réponse aux réalités, aux histoires et aux aspirations du continent.
Des œuvres qui ont façonné l’Afrique
En cinquante ans de carrière, l’homme a signé certaines des réalisations les plus marquantes du paysage urbain africain. Son empreinte s’étend de Dakar à Lomé, de Banjul à Brazzaville. Parmi ses projets phares figurent le siège de la BCEAO à Dakar, l’aéroport international de Banjul, la Tour Mayombe au Congo et le Monument de la Renaissance africaine, haut de 52 mètres, devenu un repère identitaire du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest.
Au-delà de la technicité, le travail de l’architecte – également célébré à la dernière édition des Financial Afrik Awards tenue en janvier dernier à Abidjan – repose sur une conviction profonde : l’architecture doit participer à la réhabilitation de la dignité africaine. Il milite depuis toujours pour une architecture qui raconte, qui dialogue avec le passé, tout en projetant l’Afrique vers l’avenir.
Ce jubilé architectural est aussi une alerte. Dans un monde où les constructions se multiplient sans âme ni cohérence culturelle, Pierre Goudiaby appelle à un sursaut de conscience professionnelle, pour que les villes africaines du futur soient le reflet de leur peuple, et non des copies anonymes importées.
Une inspiration pour demain
Alors que le crépuscule de sa carrière semble encore lointain, Pierre Atepa Goudiaby continue d’incarner une certaine idée de la grandeur africaine : celle qui se dessine dans la pierre, le béton, le verre… et l’âme.
Son héritage dépasse l’architecture : c’est une invitation à construire un continent fier de ses formes, de son génie, et de sa mémoire.
Source: Financial Afrik
